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Avec Magdala (ex-Comité de la jupe), les cathos féministes portent un foi libératrice, joyeuse et rebelle

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L'identité graphique de Magdala

Le Comité de la jupe était né il y a 15 ans d’une remarque, oh combien lourde de sens, d’André Vingt-trois, archevêque de Paris, qui interrogé sur la possibilité pour les femmes de lire la Bible à la messe avait rétorqué : « Le plus difficile, c’est d’avoir des femmes qui soient formées. Le tout n’est pas d’avoir une jupe, c’est d’avoir quelque chose dans la tête »

En 2008, une quinzaine de femmes catholiques emmenées par deux théologiennes Christine Pedotti et Anne Soupa créent le Comité de la jupe qui va mener la vie dure à l’institution romaine. Avec toujours beaucoup d’humour, beaucoup d’audace et une foi à renverser les montagnes.

Elles ont ainsi dressé une cartographie documentée des paroisses où les femmes sont exclues « du service de l’autel », puis ce fut la candidature de rupture d’Anne Soupa à la succession de Monseigneur Barbarin à l’archevêché de Lyon. Porte-parole d’un féminisme chrétien, elles sont devenues le fer de lance du combat contre le machisme au sein de l’institution catholique.

Une nouvelle génération

Monseigneur André Vingt-trois n’ayant pas laissé une trace fulgurante dans l’histoire, le Comité de la jupe se transforme et devient Magdala. « Avec une nouvelle génération, déclarent-elles dans un communiqué, une nouvelle dynamique, mais une même fidélité au message libérateur de l’Évangile et à nos luttes féministes. »

Ce choix est celui de la liberté et de la joie : « Choisir le nom Magdala, c’est choisir de marcher à la suite de Marie la Magdaléenne, “l’apôtre des apôtres”, figure majeure de l’Évangile. Première témoin de la Résurrection, elle incarne nos valeurs : un catholicisme féministe, joyeux, et résolument hors des cases. Insoumise à l’ordre établi, fidèle à l’appel de l’amour, elle nous inspire un chemin vers une foi libératrice, à la fois ancré dans l’Évangile et ouvert à une transformation radicale de l’institution. »

L’association revendique une dizaine de groupes locaux, avec des actions pour “Se former”, “Militer” , “Se rencontrer” et s’ouvrir à l’“International”.

Anne Soupa et Christine Pedotti cofondatrices deviennent  présidentes d’honneur avec une équipe renouvelée : Adeline Fermanian, Sylvaine Landrivon, Pauline Fraize, Clémence Cuttaz, Mathilde Cayol, Carmen Chaumet, Baptiste Lafoux et Clémence Pornon.

L’action contre le patriarcat est réaffirmée : « Face aux discriminations sexistes dans les Églises, Magdala propose une alternative chrétienne, féministe et inclusive. Nous croyons à une Église fidèle au message d’amour radical du Christ, gouvernée avec l’ensemble des baptisés·, où chacun·e trouve pleinement sa place, sans assignation, ni hiérarchie patriarcale. »

Le conclave : un boy’s club inchangé

À peine née Magdala s’est manifesté, lors du conclave d’élection du pape en coordination avec le Catholic Women’s Council ainsi qu’à de nombreuses organisations féministes à travers le monde pour une mobilisation inédite à Rome.

« Les femmes, ont-elles rappelé sont totalement exclues du processus où se dessine l’avenir de l’Église. Pourtant, elles représentent la moitié du peuple de Dieu. L’institution est à bout de souffle : composé d’hommes âgés en moyenne de 70 ans, le conclave désignera le « représentant de Dieu sur terre » dans un boy’s club inchangé malgré les abus et les scandales. »

Les femmes sont traitées comme des sous-baptisées.

Magdala

« Les femmes sont traitées comme des sous-baptisées. Alors que le baptême est unique, seules les voix masculines comptent ».

La fumée rose à Rome © DR Magdala

Avant même la fumée blanche, elles ont allumé des fumigènes roses comme « un signal fort, un cri d’espérance et un appel adressé au futur pape pour qu’il entende les voix et les attentes des femmes chrétiennes. Nous espérons un pape capable de rompre avec le masculinisme religieux, cette idéologie du pouvoir sacralisé qui entretient les injustices, alimente la peur et perpétue la loi du plus fort jusque dans les structures de l’Église.

Nous voulons la fin d’une hiérarchie baptismale selon le genre et demandons une présence paritaire dans la collégialité à tous les niveaux de la structure ecclésiale et une réelle participation des laïques aux décisions ecclésiales et à la transmission de l’Évangile. »

Image de Christian Apotheloz
Christian Apotheloz
a fait une carrière de journaliste économique en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Il a été correspondant de médias nationaux. Il a créé l’Agence Sudreporters et la Lettre Sud infos. Il est vice-président de Radio Dialogue RCF, radio chrétienne d’Aix-Marseille-Provence. Depuis 1997, il a développé des activités de conseil en médiatisation et accompagnement du changement.
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