En jetant un œil à la cérémonie de réouverture de Notre-Dame, j’ai très vite ressenti un profond malaise qui avait le goût amer de la trahison.
Ce grand spectacle organisé par l’Église catholique et le pouvoir en place, pour s’auto glorifier d’avoir réussi l’exploit de reconstruire ce monument d’architecture qu’est Notre-Dame, fut une vaste hypocrisie et une occasion manquée.
Bien sûr, on a pris soin de commencer par rendre hommage aux petites mains qui ont sauvé ce bâtiment et à ceux qui l’ont reconstruit, mais on les a ensuite soigneusement rangés au fond de l’église.
Cette cérémonie mondaine est une faute morale grave qui a exposé à la face des petits, des exclus et des oubliés, ceux auxquels Jésus a parlé, la collusion de l’Église catholique qui se prétend l’héritière des apôtres, avec les puissants.
Où étaient ceux pour qui Jésus est venu, les lépreux, les paralytiques, les sourds, les aveugles et les prostituées, bref les réprouvés, les exclus et les impurs ?
J’y ai surtout vu de grands prêtres en habits multicolores, quelques lévites imbus de leur savoir et surtout beaucoup de pharisiens fiers de se montrer. Étaient également présents nombre de puissants en tous genres, héritiers d’Hérode, ou des empereurs, procurateurs, consuls et sénateurs romains.
L’Église catholique, qui court sans cesse après sa gloire perdue, a manqué une occasion unique de montrer au monde un visage plus évangélique. Au lieu de ça, elle a étalé, à la vue de tous, sa nostalgie d’une splendeur passée et son attachement à un passé révolu.
En somme, le retour à la tradition de l’Église catholique plutôt qu’au message évangélique.
Elle a sauvé Notre-Dame mais y a perdu, au passage, un peu plus son âme.