Les débats télévisés des primaires, à droite comme à gauche, ressemblent à ces jeux qui abondent à l’écran : un animateur pose des questions à des candidats installés derrière des pupitres ; la pertinence de leurs réponses les départage. La politique met en place des dispositifs voisins de ceux du divertissement, même si la campagne électorale ne se limite pas à ces moments de spectacle.
Pour remplacer Judas parmi les Douze, après la mort de Jésus, les Disciples ont eu recours à un tirage au sort, procédure assez fréquente dans l’Antiquité et longtemps utilisée. On la considérait comme strictement égalitaire, on pensait qu’elle évitait la corruption et qu’elle exprimait les préférences divines. Aujourd’hui nous la trouvons absurde ; il n’est pas dit que dans quelques siècles on ne jugera pas arbitraire et ridicule la désignation du chef à partir de prestations télévisuelles.
Dans les monarchies, la naissance décide du souverain ; dans les dictatures, c’est la force dont il dispose ; aujourd’hui ce sont, au moins en partie, ses qualités télégéniques. Certaines Républiques confient le gouvernement à des assemblées. Aucun de ces systèmes n’est vraiment satisfaisant. Dans un pays, il faut bien quelqu’un qui décide et dirige, mais la manière de le choisir laisse toujours à désirer. Si les « chefs » avaient conscience d’être des « mal élus », à la désignation hasardeuse et contestable, peut-être resteraient-ils modestes et modérés dans leur exercice du pouvoir.