Les crèches contredisent-elles la laïcité et doit-on les interdire dans les lieux publics d’où la loi exclut les symboles religieux ? Saisi par des libres-penseurs, un tribunal en a jugé ainsi. Certains ont réagi en dénonçant une anti-religion intolérante et totalitaire. Ceux qui ont pris parti dans cette controverse, quel que soit leur camp, s’accordent pour considérer que les crèches sont des symboles religieux.
Je n’en suis pas du tout convaincu. A mes yeux, la crèche n’appartient pas au domaine du religieux, mais à celui du folklorique. Elle enjolive (ou enlaidit, selon les cas) une fête culturelle qui a pour dominantes la célébration de la lumière et celle de la famille. Elle illustre une légende qui a un rapport lointain avec les récits bibliques et aucun avec le crédo. Elle ne dit rien de Dieu et de la foi.
Que des libres-penseurs ne distinguent pas religion et folklore ne me surprend pas ; pour beaucoup d’entre eux la religion est folklore de part en part. Par contre, que des chrétiens ne fassent pas la différence me chagrine. S’ils défendent les crèches, ce qui est leur droit, ils ne devraient pas le faire au nom de la religion. J’ai même tendance à penser que s’il y a un lieu où les crèches sont déplacées, c’est dans une église. Non pas dans l’absolu, par un purisme excessif, mais parce qu’aujourd’hui, dans notre monde il est essentiel pour le christianisme de se dissocier du folklore avec lequel trop souvent, on le confond.