Plateforme du protestantisme de liberté et de progrès

De quel Dieu sommes-nous athées?

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Tous les croyants, ceux qui croient à son existence et ceux qui croient en son inexistence, peuvent trouver le Dieu qui peut les réunir.

Les Français sont 51 % à se dire athées, selon un sondage de l’Ifop réalisé en 2021. C’est-à-dire que 51 % de nos concitoyens croient que Dieu n’existe pas. Mais dire « Dieu » est insuffisant. Ce nom commun devenu nom propre reste assez vague, ouvrant la porte à de nombreuses interprétations.

De quel Dieu parlons-nous?

Il y a, évidemment, le Dieu de ceux qui croient qu’il est. Ce Dieu qui fait ou ne fait pas, qui commande ou demande. Le Dieu qui est et qui doit être. C’est aussi le Dieu de ceux qui rêvent d’un monde où il serait reconnu de la même manière, partout et par tous. Le Dieu qui justifie que le masculin et le féminin soient clairement distingués et définis et, bien entendu, qu’un sexe soit dominé par l’autre. Le Dieu qui n’a que faire de la science osant le défier et qui, par son action, nie toutes les lois scientifiques quand il s’agit de montrer sa grandeur. Le Dieu qui impose une éthique universelle et immuable, qui est, pour certains, la racine même de l’Europe, qui a choisi les États-Unis pour établir son royaume ou bien encore qui attribue une terre au mépris de l’humanité. Ce Dieu, dont certains croient qu’il existe, est exactement le Dieu dont d’autres croient qu’il n’existe pas.

Division

Croire qu’il est ou croire qu’il n’est pas conduit, finalement, à la même chose : la division. Il y aura toujours ceux qui verront des signes de Dieu dans l’accident évité, dans le travail retrouvé, dans les joies et même dans les peines de la vie, qui verront dans le mécanisme précis et mystérieux de l’univers la main du divin horloger, dans la beauté et l’organisation de tout ce qui vit sur terre, la puissance bienveillante du Créateur, et dans l’inexpliqué et l’inexplicable, la preuve d’une présence miraculeuse. Et il y aura toujours ceux qui ne verront que les misères et les souffrances qu’un Dieu devrait permettre d’éviter, les guerres et les famines auxquelles il devrait mettre fin, les disparitions prématurées d’innocents quand de vieux tyrans meurent paisiblement dans leur lit, injustice contre laquelle il ne fait rien. Il y aura toujours ceux qui ne laisseront pas de place à la poésie et au mystère dans l’inexpliqué et la beauté du monde et voudront tout faire plier sous le langage de la science froide. Ce Dieu qui est ou n’est pas divisera entre l’espérance niaise et le réalisme désespéré.

Démarche ouverte

Plutôt que de chercher à affirmer ou infirmer ce qu’il est, pourquoi ne pas commencer par dire ce que je ne crois pas de Dieu ? Pour reprendre la célèbre formule du pasteur Wilfred Monod, dire «de quel Dieu je suis athée». Ainsi, tous les croyants, ceux qui croient à son existence et ceux qui croient en son inexistence, peuvent trouver le Dieu qui peut encore les réunir. Quel libre penseur rejettera la sollicitude, la fraternité, la compassion, le courage, la liberté, la bonté et l’amour du Jésus qui prêche l’Évangile de Dieu ? Quel fidèle d’Église rejettera l’idée de la nécessité de la recherche scientifique et médicale qui améliore la vie dans ses conditions et dans son espérance ? Lequel de ces fidèles ou de ces libres penseurs ne sera pas ému et joyeux de voir des gestes d’humanité et de solidarité gratuits et désintéressés se faire au nom d’un Dieu ou d’une commune humanité ? «Mieux vaudrait avoir servi Jésus-Christ sans le nommer que d’avoir nommé Jésus-Christ sans le servir», écrivait encore le pasteur Monod, nous rappelant ainsi l’essentiel. C’est une démarche nouvelle et ouverte qui peut permettre de dépasser les visions et les formules dans lesquelles on enferme Dieu et qui le rendent inaccessible. Le théologien Laurent Gagnebin a dit : «Quand je dis Dieu, ce n’est déjà plus Dieu que je dis». Dans le protestantisme libéral et progressiste, nous voulons aller à la recherche de ce Dieu toujours en mouvement.

Article pour le journal Réforme du 25 mai 2025

Les Journées du protestantisme de liberté reviennent à Sète

Il n’est pas surprenant que le Dieu des religions révélées ne suscite plus la confiance. L’idée que toutes les religions sont obscurantistes, misogynes, patriarcales et homophobes, sources de divisions, laisse à penser que le Dieu qu’elles vénèrent l’encourage, voire l’exige. Et pourtant, le sentiment religieux est bien là, présent dans une quête de spiritualité.
Beaucoup de nos contemporains conservent une vision de Dieu d’un autre âge. Parfois, cette image a aussi du mal à quitter les bancs de nos églises tant le catéchisme reçu un temps était porteur de cette image. Ce Dieu que la raison du XXIe siècle ne peut accepter est mis dehors, laissé de côté ; de ce Dieu-là, nous sommes athées.
Les Journées du protestantisme de liberté 2025 se pencheront sur la représentation du divin pour tenter de le redécouvrir dans cette religion de l’avenir que le protestantisme libéral et progressiste défend chaque jour. Elles se tiendront les 11 et 12 octobre à Sète et reviendront sur cette question fondamentale pour toute foi athée ou religieuse : «De quel Dieu sommes nous athées ?». Et peut-être qu’avec Ferdinand Buisson, nous pouvons dire que «croire en Dieu, ce n’est pas croire qu’il est, mais c’est vouloir qu’il soit».

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Christophe Cousinié
Certifié de Sciences Po Paris dans la formation « Emouma, l’amphi des religions », pasteur de l’Epudf en Cévennes et secrétaire général de l’Union protestante libérale & progressiste.
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