« Rendre à César ce qui lui est dû », c’est aller voter dimanche, blanc ou nul si aucun candidat ne nous agrée, mais ne pas s’abstenir, ne pas rester chez soi ou aller à la pêche. On se soumet ainsi aux autorités (les épîtres aux Romains et à Tite le demandent) qui dans nos pays démocratiques sollicitent nos suffrages.
Accorder une « investiture » divine ou ecclésiale à un candidat serait évidemment inacceptable. La foi ne dit pas pour qui voter (même si elle me semble exclure certaines options). Le choix est entièrement laïc. Cette année (ce n’est pas la première fois et je ne suis pas le seul), je suis embarrassé ; personne ne m’a convaincu. Néanmoins, je voterai ; en tant que croyant, j’entends donner à César ce à quoi il a droit ; en tant que citoyen, le vote me paraît une obligation.
Dieu est-il politiquement neutre ? Il se préoccupe davantage, écrivait au 17ème siècle un puritain américain, de l’adverbe que du substantif. Le substantif indique pour quoi (gauche, droite, centre) et pour qui (Pierre, Jacques ou Jean) on opte. Le nom sur le bulletin qu’on glisse dans l’urne relève de César. Les locutions adverbiales qualifient notre manière de choisir : sérieusement, consciencieusement, sans esprit partisan ni haine, dans le respect de ceux qui divergent d’avec nous. C’est l’affaire de Dieu (étant bien entendu que tous les adverbes ne sont pas compatibles avec tous les substantifs). Quand on est soucieux du « comment », on rend alors à Dieu ce qui lui revient.