Emmanuel Macron a choisi de s’exprimer par un discours au Congrès plutôt que par une interview le 14 juillet. Son entourage aurait laissé entendre qu’une allocution convenait mieux à la complexité de sa pensée qu’un entretien avec des journalistes, ce qu’une partie de la presse a jugé bien prétentieux.
Sans céder à une « macronmania » qui ne durera guère, je trouve ce choix raisonnable. D’abord, parce que le Président s’adresse à la nation à travers les parlementaires qu’elle a élus (il reconnaît leur importance) et non à travers des journalistes mandatés par leurs rédactions. Ensuite, parce que dans une interview, des questions coupent sans cesse le propos et, même pertinentes, le rendent décousu. Un discours est autre chose qu’une addition de « petites phrases ».
Dans les années 70, on a tenté dans ma paroisse de remplacer la prédication par des échanges entre les participants du culte. On y a vite renoncé. Des prédications où se déploient un commentaire informé, une argumentation soignée et une actualisation réfléchie apportent beaucoup plus (y compris quand on n’est pas d’accord avec ce qui est dit). Des cercles de discussion (tels les groupes de lecteurs d’Évangile et Liberté) ont du sens à condition de s’appuyer sur un article ou un exposé consistant.
J’espère que des discours présidentiels ne remplaceront les débats politiques, mais les nourriront, les structureront, leur permettront d’être autre chose qu’un échange d’invectives, de slogans et de clichés.