Le pasteur Charles Wagner résumait les intentions du Foyer de l’âme dans cette phrase : « Ici, on enseigne l’humanité ».
J’ai toujours aimé le double sens que l’on pouvait donner à cette devise. Soit comprendre ce lieu de protestantisme comme l’espace où l’humanité pouvait trouver de quoi être enseignée et où l’Évangile, la foi, la fraternité vécue, apportaient un plus à l’être humain pour l’élever en spiritualité et en humanité. Soit comprendre que la spiritualité vécue dans ce protestantisme était la plus humaine possible, une manière de rappeler la divinité qui se dit dans l’humanité ou l’humanité qui se dit dans la divinité.
Mais au final, pourquoi choisir entre les deux sens ?
Après tout, il y a dans notre protestantisme assez de place pour y vivre les deux. D’ailleurs, l’humanité a sans doute besoin de spiritualité autant que la spiritualité a besoin d’humanité.
Nous vivons un temps où, plus que jamais, ce dialogue est nécessaire. Nous avons besoin, en tant que religion, que protestantisme libéral et progressiste, que femme et homme de foi, besoin d’être interpelés par ce qui se passe. Que cela nous inquiète ou nous révolte, que cela nous réjouisse ou nous donne de l’espoir. Nous avons besoin d’ancrer notre réflexion théologique et spirituelle dans la réalité, au cœur du monde. Et dans ce monde, où la parole est dévoyée, où l’injustice est grandissante, où les discours de haine et d’exclusion entrent dans la banalité, il est nécessaire d’apporter un regard autre, faire un pas de côté, prendre le temps de la réflexion et de la méditation pour le libérer du fatalisme et du désespoir, pour offrir un regard autre.
Ce numéro deux de votre journal « libre croyant-e » vient en résonance avec cette double interpellation qui nous invite à enseigner l’humanité comme à être enseignés par l’humanité.
Il s’agit dans ce numéro, qui peut sembler éclectique, d’être au cœur du monde pour entendre ce qu’il a à nous dire et pour apporter de la pensée et de la réflexion.
Être au cœur du monde et non pas fuir le monde dans l’aveuglement d’une foi qui se dit dans un prêt à croire qui déresponsabilise l’humain, c’est le cœur même de notre protestantisme.
Être au cœur du monde, car il ne peut en être autrement, sinon à prendre le risque de devenir aussi immobile et mort qu’une statue de sel.
Être au cœur du monde pour trouver et dire notre foi. l