Dans les revendications qui se sont exprimées lors de la grève des fonctionnaires, il y a le montant de leurs traitements et leurs conditions de travail. C’est classique, habituel et, je le crois, justifié dans la plupart des cas : ils sont relativement peu payés pour des tâches que l’insuffisance des effectifs et des moyens rend de plus en plus difficiles.
Leur mécontentement a une autre raison, peut-être plus profonde : leur sentiment d’être déconsidérés et dépréciés. Ils passent pour être des privilégiés qui coûtent cher et ne servent pas à grand chose. Prenons l’exemple des instituteurs et des professeurs. Autrefois respectés voire honorés, ils se sentent aujourd’hui plutôt mal vus. L’opinion générale mesure mal la difficulté de leur travail, l’investissement qu’il représente, la fatigue physique et nerveuse qu’il entraîne. Ils sont aux prises avec des élèves rétifs, dont les parents encouragent souvent les frondes scolaires. Ils n’ont pas le sentiment d’être soutenus pas leur administration. Ils ont l’impression qu’une hostilité grandissante les entoure.
Celui qui dit « bon à rien » (traduction possible de « raca ») à quelqu’un est aussi coupable qu’un assassin, déclare Jésus dans le sermon sur la montagne. L’évangile nous annonce que Dieu n’a pas méprisé les humains ; il les a aimés et reconnus comme ses enfants. La reconnaissance de l’autre est essentielle. Il ne s’agit pas seulement de ne pas commettre d’attentats ; il faut aussi prendre garde aux dégâts individuels et sociaux qu’entraînent nos mépris et nos incompréhensions.