C’est la question que se pose Othon Printz, un médecin qui a dirigé la Fondation protestante du Sonnenhof à Bischwiler, en Alsace. Habitué à poser des diagnostics, il examine les documents à disposition pour y repérer des symptômes de protestantisme dans la vie et la pensée de Gauguin. Personne n’avait encore pris sérieusement en considération cet aspect-là du peintre, peut- être d’autant moins que son attachement aux jeunes polynésiennes dont il fit successivement ses compagnes n’incitait pas à l’envisager sous cet angle. Les indices de protestantisme n’en sont pas moins bien réels : son mariage au temple avec une Danoise ; le fait que toutes ses compagnes polynésiennes étaient protestantes ; ses relations suivies, encore que conflictuelles, avec le pasteur Paul Vernier ; et surtout son usage approfondi d’une Bible protestante. Ce qui ne l’a pas empêché de se montrer parfois très sévère envers le protestantisme, surtout envers celui du Danemark. Une autre manière de regarder Gauguin et son oeuvre.