Je l’avoue : Johnny Hallyday ne m’a jamais ému ni touché si peu que ce soit. Ce n’est pas le genre de musique que j’apprécie et je suis incapable de citer une seule des ses chansons. Je ne suis pas hostile, je n’ai rien contre, elles me laissent indifférent. J’ai peut-être tort, mais je ne vais pas faire semblant d’être désolé.
Du coup, j’ai trouvé interminable le déferlement d’émissions, d’articles de journaux et de cérémonies. De plus, je n’ai vraiment pas beaucoup de goût pour les grands rassemblements (y compris quand ils sont protestants). Ces moments de communion et de fusion au sein d’une foule me mettent mal à l’aise, comme si la masse écrasait et étouffait cœur et cerveau.
En a-t-on trop fait, comme l’a écrit un journaliste ? Je n’en sais rien et je me garde de me prononcer. Ceux qui ont besoin de s’exprimer ainsi ont le droit de le faire, d’autant plus que personne, Dieu merci, n’oblige les autres à se mettre au diapason. Au temps des persécutions, on forçait les réfractaires à participer aux célébrations communes, pas ici. Demeure, cependant, en moi l’impression peu agréable de me trouver à l’écart, à contre-courant et « hors du coup ». Je me dis que c’est après tout très protestant ; notre culture nous prépare à refuser, sans agressivité ni jugement, de se conformer aux majorités. Je résiste donc intérieurement aux émotions et aux passions collectives. Ce n’est pas par vertu et je n’y ai aucun mérite ; je suis, ou on m’a éduqué, comme ça.