Dans les débats sur la place de l’Islam dans notre pays, on soulève toujours le problème de la formation des imams. On souhaite, à juste titre, qu’ils connaissent les règles et les lois qui régissent notre société. Il serait aussi bon qu’ils sachent distinguer entre ce qui dans les croyances, pratiques et coutumes musulmanes est central ou essentiel et ce qui y relève de l’accessoire ou du circonstanciel.
Ce souhait ne se limite pas à l’Islam. Ne devrait-on pas exiger de tous ceux qui portent dans une communauté religieuse la responsabilité de la prédication et de l’enseignement une formation de type universitaire ? Je trouve assez insuffisante celle donnée par les Grands Séminaires ; les curés de paroisse gagneraient à passer par une Faculté de Théologie. Il en va de même des pasteurs d’Églises dites « évangéliques » chez qui la piété remplace trop souvent la connaissance et la réflexion.
Certes, avoir un bon niveau de connaissance n’empêche nullement de dérailler. Certes, on peut être un excellent prédicateur sans savoir un mot d’hébreu ni de grec. Il n’en demeure pas moins que contre les aberrations qui menacent constamment le religieux, de solides études sont un garde-fou plutôt efficace (ce n’est pas le seul). Les Églises réformées et luthériennes ont eu bien raison de les imposer à tous leurs pasteurs. Cette exigence est bénéfique. Elle n’affaiblit ni la ferveur, ni la consécration, ni l’élan spirituel, mais contribue souvent heureusement à les éclairer.