Le catholicisme a le goût du spectaculaire : cérémonies magnifiques, églises splendides, grands rassemblements, voyages médiatisés des papes. Il marque ainsi sa présence dans le monde. Le protestantisme aime, au contraire, la discrétion, à tel point qu’il disparaît du paysage et devient une église « invisible » en un sens que n’avaient pas prévu les Réformateurs.
Le pape se situe dans la ligne de la culture catholique en allant célébrer en Suède les 500 ans de la Réforme. On lui est reconnaissant de ce geste amical, même s’il a choisi le pays où se trouve la moins « protestante » (à nos yeux de réformés) des Églises luthériennes.
La déclaration commune publiée à cette occasion, malheureusement rédigée dans la langue de bois familière aux œcuménistes, ne manque pas d’intérêt. Elle évite ces expressions lassantes de repentance et de demandes mutuelles de pardon pour ce qui s’est passé autrefois. Elle ne dénonce pas les différences théologiques, mais les haines qui les ont accompagnées. Elle évoque bien une unité institutionnelle que traduirait une communion sacramentelle, mais sans trop insister.
Par contre elle demande avec force qu’on collabore dans le service et qu’on multiplie des rencontres où chacun approfondit ses propres convictions dans l’écoute et le respect de l’autre. Elle n’incite pas à se taire parce que tout aurait été dit « en haut », mais au contraire encourage dialogues et échanges. Est-ce enfin l’amorce d’un œcuménisme bien compris ? Peut-être.