Sous ce titre, l’historien américain Michael W. Bruening propose une relecture passionnante du conflit qui, entre 1528 et 1559, a opposé dans le Pays de Vaud les conceptions zwinglienne et calvinienne de la Réforme, la première représentée par Berne, la seconde par Calvin et son ami Pierre Viret. Objet du débat : très souvent le sens à donner à la célébration de la cène et par conséquent, pour Viret et Calvin, la nécessité d’une discipline ecclésiastique, avec pouvoir d’exclusion que les seigneurs de Berne refusaient absolument de concéder aux pasteurs. Bruening montre de manière parfaitement convaincante que Calvin a d’abord tenté d’influencer sur ce point et sur d’autres la Réforme suisse. N’y parvenant pas, il s’est alors tourné entièrement vers la France, donnant lieu à ce que notre auteur qualifie de « Réforme des réfugiés », tandis que la Réforme zwinglienne donnait lieu à la formation d’États-nations protestants.