Je trouve envahissant le sport en tant que spectacle. Quand se joue une finale de rugby ou de football, avant et après le match, les journaux télé et radio diffusés multiplient des interviews de supporters (parfaitement incompétents mais supposés exprimer une ambiance) et s’étendent en de longs commentaires qui éclipsent les autres sujets. Les courses cyclistes, les tournois de tennis et les rallies automobiles prennent une place démesurée dans les médias. Et voici que ces spectacles sportifs pénètrent la politique avec l’escapade inconsidérée d’un premier ministre pour assister à l’un d’eux, ou avec les matchs où des ministres se doivent d’assister parce que cela compte plus pour leur image que leur compétence et que leur travail.
Bien sûr, cet engouement est anecdotique et il y a des distractions beaucoup moins innocentes. Je ne veux pas faire une montagne de mes agacements. Cependant je m’inquiète : n’y t-il pas là un indice d’une superficialité qui ne sait pas distinguer le secondaire de l’important ? N’est-ce pas là un signe de la dégradation de la parole en des bavardages, devant micros et caméras ou en petits cercles, qui ne communiquent rien.
On a le droit, peut-être le devoir, de s’amuser. C’est une affaire d’équilibre. L’amusement, tout légitime qu’il soit ne doit pas tout absorber. Quand le divertissement, même parfaitement honorable, devient central et que l’image, même utile et inévitable, se substitue aux réalités, il y a danger.