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L’Église : un projet tendu vers le Royaume qui vient.

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Didier Halter

Pour Didier Halter, l’Église, en continuité avec l’enseignement de Jésus, porte le projet du Royaume dans une création inachevée.

  L’Église est un projet qui s’inscrit dans le projet de Dieu pour l’humanité tout entière. Ce projet de Dieu s’appelle « Royaume de Dieu », une utopie proclamée par les prophètes et mise en paraboles par Jésus. Il y est question :

  de contraires s’enrichissant mutuellement de leurs différences : le loup et l’agneau habiteront ensemble et l’enfant jouera sur le nid de la vipère (Es 11,6-10) ;

  de proximité joyeuse : le maître de maison se réjouit avec ses serviteurs (Lc 12,36-37) ;

  de justice : celui qui en a le plus n’en a pas de trop, et celui qui en a le moins ne manque de rien (Ex 16,17-18).

  Fille de la prédication de Jésus, l’Église n’a pas à conserver un dépôt dans une citadelle imprenable, elle pose les signes de la venue du Royaume au coeur du monde. En paroles et en actes, elle crédibilise par son annonce le Royaume de Dieu à venir. L’Église ne peut pas faire ce qu’elle veut, elle est soumise à ce projet. Elle n’a pas à se soucier d’abord d’elle-même, mais du projet dont elle est porteuse par grâce de Dieu.

  Un projet réussi se développe toujours en cohérence et en pertinence. La cohérence avec les valeurs dont il est l’expression, les valeurs de celles et ceux qui le portent. La pertinence avec les contextes dans lequel il se déploie. Un projet est toujours une tentative de réponse à une situation insatisfaisante. Ainsi la réponse, pour avoir quelques chances de réussir, doit être cohérente et pertinente.

  Concevoir l’Église comme projet, c’est la construire comme une tentative de réponse à la situation actuelle d’une création inachevée. Une réponse qui doit être cohérente avec ce qui fonde le christianisme (la prédication de la proximité du Royaume par Jésus) et en pertinence avec son temps (c’est en ce sens que l’Église est toujours à réformer).

  Dans cette perspective, je crois que si l’Église est seconde, elle n’est pas secondaire. Elle est nécessaire, comme un outil est nécessaire à l’artisan, bien que l’outil ne soit pas une fin en soi.

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Didier Halter
est pasteur au service de la Conférence des Eglises Réformées romandes (CH), il est directeur de l’Office Protestant de la Formation (www.protestant-formation.ch).
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