Dans la surprenante élection de Trump, des commentateurs ont vu le signe d’un divorce entre l’élite et le peuple. Est-ce exact ? Un milliardaire fait partie de l’élite financière et l’électorat de Trump n’est pas seulement populaire. Ne serait-il pas plus juste de dire qu’ont été sanctionnées une classe politique et une administration jugées, à tort ou à raison, arrogantes, inefficaces et déconnectées des réalités ? Ce qui ressemblerait beaucoup à ce qu’on ressent en Europe.
En va-t-il de même dans les Églises ? En catholicisme, on a le sentiment que la masse des fidèles critique sévèrement les cadres du Vatican. Beaucoup font confiance au pape pour mettre au pas l’appareil ecclésiastique sur lequel il a autorité, un peu comme quantité d’américains comptent sur Trump pour museler une technocratie politique dont il ne pourra pourtant pas se passer pour gouverner.
Dans le protestantisme français, on a naguère réclamé des « états généraux » contre les synodes estimés non représentatifs ; plus récemment, on s’est demandé si la question du mariage homosexuel n’allait pas entraîner une rupture entre une majorité qui y est plutôt hostile et des leaders qui l’acceptent. Malgré quelques craquements, la fracture ne semble pas se produire, sans doute grâce aux pasteurs et responsables qui expliquent et apaisent ; mais aussi parce que le protestantisme français est un petit groupe moins touché qu’une nation ou qu’une grande Église par la distance entre la base et ceux qui dirigent.