L’entre-soi, le contraire du message évangélique
Il y a cinq ans, lors de la crise du Covid, j’écrivais un article intitulé « Pureté, impureté et coronavirus », dans lequel j’alertais sur le risque de « créer une frontière entre personnes saines et malades, symboliquement entre purs et impurs » et de considérer comme « dangereux » « tout étranger, qui parait déjà étrange à certains, en temps normal ».
Il me semble que nous sommes rentrés dans une époque où ces tendances mortifères sont en train d’intoxiquer notre monde.
En France, un parti nationaliste, ouvertement xénophobe, était aux portes du pouvoir au mois de juillet avant un sursaut républicain et le sera de nouveau en 2027, si nous ne faisons rien.
En Allemagne, un parti néo nazi, qui a construit son succès sur le rejet des étrangers, est en pleine progression.
Aux États-Unis, le nouveau président est en passe de mettre en œuvre un projet entièrement basé sur le rejet d’autrui et le repli sur soi.
Tout ces projets nationalistes sont fondés sur le mythe d’un retour à un entre soi sécurisant et sur le rejet de tout ce qui est différent de la norme locale.
Et le plus grave est que ces projets sont soutenus par une partie non négligeable de l’électorat chrétien voire avec le soutien de certaines Églises chrétiennes, en particulier aux Etats-Unis.
Or qu’est venu faire Jésus de Nazareth, sinon redonner voix à tous les invisibles de la société juive de son époque, lutter contre l’exclusion, par les autorités religieuses, de tous ceux qui ne rentraient pas dans la norme.
Loin de les exclure, il est allé vers eux en priorité, les a fréquentés assidûment, voire les a inclus à son cercle proche.
Et comment l’a-t-il fait ?
Principalement :
- en faisant exploser la frontière entre pureté et impureté centrale dans le judaïsme ancien,
- en refusant de limiter son message au peuple élu, donnant la priorité à l’adhésion à son message sur l’origine de son interlocuteur
- en dénonçant l’hypocrisie des autorités religieuses et le caractère inhumain de leurs interdits
Malheureusement, tous ces comportements qu’il a rejetés, sont, bien souvent, repris par tous ceux qui soutiennent les projets nationalistes au nom de leur foi.
Nous ne pouvons que dénoncer l’instrumentalisation du message de Jésus de Nazareth pour défendre un repli identitaire au nom d’une soi-disant foi chrétienne à l’opposé du message évangélique.