Il existe toute une série de façons d’envisager le salut, liées ou non à diverses religions ou spiritualités, mais je peine à trouver une définition générale satisfaisante de la notion de salut. L’étymologie tirée du latin suggère « état de la personne entière », « bon état », d’où le sens de conservation, puis « vie » par opposition à « mort » (Dict. historique Alain Rey).
Le salut peut être celui des réfugiés qui n’ont pas péri noyés en mer, mais une fois atteint un pays de destination, sont-ils réellement « sauvés » ? Tant que la vie se prolonge, il y a toujours de nouveaux risques et défis, tout n’est pas résolu. Le salut n’est donc jamais garanti par la vie, et pourtant « être sauvé », c’est rester en vie, guérir. Paradoxe ?
Selon les religions orientales, se sauver, c’est plutôt se libérer du désir de vivre, de la soif inextinguible d’expériences, de connaissances, de succès, de plaisirs, d’accomplissements. Le salut n’est donc pas exactement le bonheur, mais l’état en lequel on est délivré de sa quête. L’éveil réalise ce non-être saint et paisible qui ne recherche plus l’inaccessible Soi.
Difficile de dire si dans le christianisme, le salut tient à une transformation de notre être intérieur ou de notre monde extérieur. En quittant le monde présent par la mort physique, nous atteignons le salut dans le Règne éternel de Dieu. Mais ce salut « basique », obtenu par la foi en la grâce de Dieu, est corrélé à un salut plus compliqué qui concerne la régénération, la purification, la délivrance de notre « âme » des maux qui l’assombrissent.
Classiquement, il s’agit de l’œuvre du Saint-Esprit, qui transforme le vieil homme lié au péché en un nouvel homme régénéré selon Dieu. N’ai-je donc pas à y participer, à mon salut, s’il est l’œuvre de Dieu seul ? Nous protestants, avons tendance à oublier que le salut chrétien se manifeste par une renaissance spirituelle, qui nous implique au plus haut degré, et qui consiste à la fois à être libéré de soi-même et à devenir soi-même.