On ne peut que recommander la lecture de ces quatre contributions présentées lors d’un colloque d’Évangile et Liberté et de l’Union Protestante Libérale en mars 2008 à la paroisse Saint-Guillaume de Strasbourg. Si les quatre auteurs peuvent être rapprochés par leur référence commune à Schweitzer, leur approche de « l’humanité de Jésus », thème du colloque, n’en diffère pas moins considérablement. Ernest Winstein, récusant toute fonction salutaire de la mort de Jésus, le présente comme un libre interprète de la Torah. Jean- Paul Sorg, avant de présenter la vision de Schweitzer, interprète les colères et les exigences de Jésus comme autant d’emportements contraires à l’amour divin. Les deux auteurs suivants présentent un libéralisme me semble-t-il plus modéré. André Gounelle, rompant avec l’étude du personnage historique de Jésus, s’interroge sur la visée de l’action divine dans l’histoire, qui est de susciter une nouvelle humanité digne de ce nom, à la suite de Jésus, au travers duquel Dieu révèle l’être authentique que tout homme est appelé à devenir. Enfin, Frédéric Rognon pourrait afficher une position plus critique envers le libéralisme, dans la mesure où son exposé souligne que l’interprétation postmoderne de Jésus, que l’on peut rapprocher de la pensée libérale, doit exercer une réserve critique à son propre égard et se considérer comme un produit tributaire de notre époque.