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Liban et Israël, entre détresse et promesses

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François Clavairoly

Depuis le milieu du XIXe siècle, le protestantisme français est présent au Proche-Orient, notamment au Liban. Son histoire et ses engagements sont d’ailleurs rapportés sur le site de l’Église protestante de Beyrouth. Depuis les années 1920, l’Action Chrétienne en Orient (ACO) est l’un des partenaires de la Fédération protestante de France (FPF). L’ACO est aujourd’hui le relais actif de la FPF pour l’aide aux réfugiés syriens et irakiens. Il faut saluer le témoignage constant et courageux de l’Église de Beyrouth.

Notre visite au Liban a renforcé les liens historiques entre la communauté protestante francophone de Beyrouth et le protestantisme français. Cette relation se nourrit de projets, de réalisations et de liens particulièrement forts avec plusieurs partenaires. Parmi eux figurent l’association Présence Protestante Française au Liban (PPFL), avec le Collège Protestant Français, l’un des plus réputés de la région, ou encore l’Église protestante française de Beyrouth. Celle-ci jouira prochainement d’un nouveau lieu de culte et, en lien avec le centre culturel (l’Atelier), portera nombre d’initiatives, dont un projet de festival des associations et un colloque universitaire sur le thème de la violence.

 Des rencontres riches de sens et des questions vives

Nous avons pu mesurer la diversité du protestantisme arabe libanais et syrien et l’étendue des liens avec la paroisse française de Beyrouth, notamment grâce à nos rencontres au sein du Supreme Council of the Evangelical Community in Syria and Lebanon. Cet échange a permis de comprendre la nécessité d’un vivre ensemble au Liban, dont la société civile en crise risque d’être saturée par le religieux sous l’influence des leaders de chaque confession. Le projet protestant français d’un centre culturel interpelle fortement par sa volonté d’être « pour tous » : toutes les tendances religieuses y sont peu ou prou représentées, mais dans une perspective résolument laïque !

 Détresses et promesses

Le secrétaire général du Middle East Council of Churches, le père Michel Jalakh, nous a dressé un tableau stimulant de l’action auprès des réfugiés et des liens avec nombre de chrétiens européens. Des jeunes gens venus de toute l’Europe s’engagent auprès de l’Organisation Non Gouvernementale « Amel », qui lutte contre bien des détresses, grâce notamment à des parrainages d’enfants syriens (scolarisation et soins) pour lesquels la paroisse de Beyrouth est pleinement mobilisée. Le président de cette ONG, le Dr Kamel Mohanna, est candidat pour le prix Nobel de la Paix.

Les visites du dispensaire et du camp de réfugiés de Margel Zor à Khyam dans le Sud Liban, resteront une expérience forte, émouvante, source d’espoir. La question de l’accueil des réfugiés trouve alors par les visages magnifiques des enfants, par les cris de détresse des adultes et par la dignité de chacun, l’attente de promesses encore inaccomplies. Toute une communauté, à la fois francophone, arabophone, malgache, avec Pierre Lacoste, pasteur de l’Église protestante française de Beyrouth, son épouse Christine, et le Conseil presbytéral, en lien avec une petite Église allemande dans l’immense réseau libanais, témoigne fidèlement de l’Évangile.

 Après le Liban : Israël

À Jérusalem, la paroisse protestante, présente aussi à Tel Aviv, vit le culte depuis de longues années en hébreu avec traduction française. Elle réunit des chrétiens d’origine israélienne, européenne ou africaine. Un Institut de Formation, rassemblant une quarantaine d’étudiants en pension complète, offre une formation intensive à la théologie. En plein cœur de Jérusalem, voici un témoignage protestant de type évangélique bien intégré dans la ville. Le pasteur Jacques Elbaz a tenu à nous rappeler combien le lien avec la FPF est important, car il inscrit le témoignage de cette Église dans une communion d’Églises, y compris en France, pays depuis lequel elle reçoit soutien, orientations et encouragements.

Les rencontres très instructives avec le Consul général de France à Jérusalem, et à Tel Aviv avec l’ambassade de France, nous ont confirmés dans une vision peu optimiste de l’avenir. Une initiative diplomatique de la France en vue d’une conférence internationale pour la paix est toutefois en cours et il faudra suivre ce projet de près. Le Conseil œcuménique des Églises a mis en place un programme, appelé EAPPI, dont la mission est d’observer les points de passage critiques entre Israël et Palestine. Deux accompagnateurs de ce programme nous ont fait part de leurs analyses précises sur le terrain : les violences subies et portées, les revendications de liberté des uns et les postures d’occupation des autres disent trop clairement que le chemin vers la paix est encore long.

Mentionnons enfin deux rencontres fortes, pour espérer, mais dans le silence et le recueillement : Yad Vashem et l’Institut Œcuménique de Tantur. L’une pour garder la mémoire vive du génocide inoubliable de la Shoah, l’autre pour maintenir la recherche inlassable d’un message trop souvent oublié, celui des prophètes d’Israël et de Jésus-Chris

Pour soutenir des actions au Liban, il est possible de contacter la Fondation du protestantisme. www.fondationduprotestantisme.org

Image de François Clavairoly
François Clavairoly
est pasteur de l’Église protestante unie de France, il est actuellement Président de la Fédération Protestante de France (FPF).
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