Plateforme du protestantisme de liberté et de progrès

On a déjà un Messie, pas besoin d’un sauveur d’extrême droite !

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Loin de la neutralité, l’Église doit prendre position contre l’extrême droite. Entre Évangile, espérance et paraboles, elle a les armes pour lutter. Ressuscitons un imaginaire joyeux et engageons-nous pour un monde où les plus fragiles ne sont pas oubliés.
Portrait officiel de Trump barré par les mots superposés politic et religion

« Bring your church into the World of politics in very ungracious way. »

J’aimerais faire un t-shirt de ce détournement de la réaction de Donald Trump à l’exhortation de l’évêque Mariann Budde :

« Amenons notre Église dans le monde de la politique.
Et n’ayons pas peur de le faire de manière très disgracieuse. »

À l’heure où l’extrême droite prend le pouvoir de manière directe ou indirecte (en contaminant les esprits et les propos) dans des démocraties un peu partout sur le globe, à l’heure où le monde se rabougrit en un archipel d’états belliqueux pour qui l’autre n’est plus qu’un ennemi qu’il faut dominer ou dont il faut se défendre, il est urgent que notre Église abandonne ses pudeurs de gazelle et dise haut et fort son opposition à l’extrême droite. Nous sommes armés pour le faire.

Notre première arme est un Évangile qui invite toujours à se ranger au côté des plus petits, des plus fragiles, des plus démunis. Avec Mariann Budde, ils et elles sont déjà nombreuses à le proclamer.

Nous avons également pour nous la joie de l’espérance. Quelle que soit notre compréhension de la Résurrection, du Royaume de Dieu qui s’est approché, toutes et tous nous proclamons que rien n’est jamais perdu parce que tout ne dépend pas de nous mais que nous pouvons y prendre part. (Dans son livre Résister, Salomé Saqué dit l’importance de la joie dans la lutte contre l’extrême droite.)

Enfin, et c’est sur ce point
que je voudrais m’arrêter, nous avons un maître qui « enseignait en paraboles ». Une parabole c’est un récit pour faire réfléchir. C’est une histoire que l’auditeur reconnaît comme telle et qu’il est appelé à interpréter par lui-même. En cela, la parabole est l’opposé du dogme. L’extrême droite propose un récit du monde qu’elle présente comme la réalité, ce qui interdit toute
réflexion, toute contradiction. Et la montée de l’extrême droite est la faillite d’un autre récit qui se présente lui aussi comme la réalité. Un extrême centre qui ne cesse de se
réclamer du pragmatisme ou du réalisme, rejetant les idéologies comme s’il n’en était pas une lui-même.

L’Église devrait réhabiliter l’idéologie. Et ce, sans en défendre une en particulier, nous avons déjà notre propre histoire à raconter : celle du règne de Dieu qui s’approche.

Une des manières de proclamer ce règne qui s’approche c’est de retrouver le goût et le sens de la parabole. Encourageons, enseignons à nos membres, à celles et ceux qui nous approchent à reconnaître et à interpréter par eux-mêmes les histoires du monde qui leurs sont racontées.

Encourageons-les à prendre position par rapport à ces histoires. À choisir les histoires par lesquelles ils veulent
façonner le monde.

Ressuscitons un imaginaire joyeux. l

Image de Eric Georges
Eric Georges
est pasteur de l’Eglise Protestante Unie à Versailles
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