Pour avoir vécu quelques modestes tremblements de terre, je sais le choc qu’ils provoquent. Quand le sol se met à tanguer et se dérobe, nous perdons toute confiance ; nous avons le sentiment, plus fort que les raisonnements et les savoirs, qu’il n’y a rien de solide, que nous sommes vulnérables, exposés à des catastrophes, sans protection imaginable.
On sent alors presque corporellement la force des paroles du prophète Esaïe (ch. 54) : « quand les montagnes s’ébranleraient, quand les collines chancelleraient, ma bonté pour toi ne s’ébranlera point, mon alliance de paix ne chancellera pas, dit l’Éternel. »
Il y a des secousses qui ne sont pas sismiques, mais sociales. Nous en avons vécu de rudes ces temps-ci : les attentats terroristes, l’explosion de violences à tout propos, le délitement du politique, la crise des migrants, l’exaspération croissante tout autant des chômeurs que de ceux qui travaillent dans des conditions de plus en plus insupportables (qu’ils soient enseignants, magistrats, médecins, cheminots, postiers, professions pourtant réputées stables et sûres). On a parfois l’impression d’un monde qui s’effondre. Est-ce juste ou exagéré? Je ne sais pas, on peine toujours à évaluer ce qu’on est en train de vivre ; et il est peut-être vrai que les choses vont un peu (mais pas beaucoup) mieux que hier.
Ce que je sais, c’est que la parole que fait entendre Esaïe nous donne la force de tenir bon, d’espérer et d’agir avec une grande exigence éthique (la suite du ch. 54 d’Esaïe nous y invite).