Dans l’Expositio Fidei, un écrit adressé au roi de France en 1531, le réformateur Zwingli consacre une page à l’État. Il distingue trois types de gouvernement : 1. la monarchie où un seul exerce le pouvoir ; quand il ne suit que son caprice, elle dérive. 2. l’aristocratie où un groupe détient le pouvoir ; quand il s’approprie à son profit l’État aux dépens du bien général, elle dérive. 3. la démocratie, où le peuple a pouvoir sur ceux qui font fonctionner l’État ; quand il se divise en factions opposées, elle dérive.
La 5ème République combine ces trois types : un président « monarque républicain », souverain solitaire ; une classe politique au poids considérable ; un peuple dont les votes sont décisifs. Et les dérives sont là : l’arbitraire, la confiscation de l’État par quelques-uns et l’affrontement politique entre les citoyens.
Zwingli compte sur la piété pour surmonter ces dérives ; en latin, la piété déborde le champ religieux ; elle est une sagesse qui allie une moralité scrupuleuse au souci des autres. Le réformateur estime qu’il revient au pasteur, à l’exemple des prophètes bibliques, en plus de son ministère d’annonce de l’évangile, de rappeler au roi, aux oligarques et au peuple les valeurs à respecter. À ses yeux, les prédicateurs ont une fonction civique tout aussi nécessaire à l’État que celle des dirigeants.
Ne sommes-nous pas, à côté de la foi au Dieu biblique, appelés à prêcher, avec d’autres, une éthique laïque et une sagesse politique ?